Charles Gassot, Président d'EDM


Charles Gassot, le goût des autres 

Lors d'un entretien avec Marie Visot, journaliste au Figaro, le Président d'Écoles du Monde s'est confié sur son engagement auprès de la population malgache.
Sourire large comme une porte de garage, mocassins rouge vif, après une solide poignée de main, intéressé, Charles Gassot vous interroge comme si vous étiez quelqu’un de très important. « De bonne humeur, il met toujours à l’aise », souligne Jean-Pierre Guérin qui a travaillé avec l’ancien producteur de Mortelle Randonnée et de Tatie Danielle. Curieux des autres, aujourd’hui, Charles Gassot vit essentiellement pour les jeunes générations des Écoles du monde à Madagascar, une ONG qu’il a créée il y aura vingt ans en 2017.
On attrape ce gai ludion entre deux avions, l’un à destination de Londres, où il va « chercher de l’argent, le nerf de la guerre », le second pour Madagascar où il doit monter une chorale et mettre en scène de courtes pièces qu’il a écrites en malgache. Pas peu fier de tous les établissements, écoles, puits, infirmeries ou châteaux d’eau, qu’il a réussi à installer en pleine brousse, Charles Gassot montre des photographies de ses protégés - « ici Flaubertine, 23 ans, une ancienne élève devenue enseignante avec son bébé, là des enfants qui construisent des mobiles façon Calder ».
« J’aurais aimé faire progresser la société comme lui », lâche Guérin, le producteur de Saint-Amour de Kervern-Delépine. Son ami est intarissable quand il évoque ses projets : « J’aimerais faire venir des ingénieurs agronomes, des architectes, des médecins. Nous avons eu des morts - les routes ne sont pas sûres - et des accidents, il a fallu amener de l’eau, installer l’électricité, reboiser des forêts… C’est long, nous commençons juste à avoir des résultats. Vous n’avez pas le droit de décevoir. »
Les 400 coups 
Fils d’une Bluebell Girl, amie de Foujita et Brasseur, et d’un physicien chercheur, haut comme trois pommes, le petit Charles voulait repeindre les murs de Paris qu’il trouvait « gris et laids ». À l’âge de 13 ans, il voit Les 400 Coups de François Truffaut et décide de faire du cinéma. « Ma chance, c’est d’avoir eu une famille d’aristos ruinée. Mon père décrochait les tableaux des murs de notre maison d’Auteuil pour payer les factures… C’est pour ça que j’ai produit Priez pour nous, de Jean-Pierre Vergne, sur un baron ruiné expulsé de son appartement de Neuilly, qui se retrouve dans une HLM. Le matériel n’était pas important pour nous. »
En 1966, Charles Gassot fait ses armes dans le film d’animation avec l’équipe de Paul Grimault. À 18 ans, il travaille pour la société d’André Sarrut La Comète, où il réalise ses premières publicités. Plus tard, elles lui permettront de financer des films. Il sera aussi l’heureux assistant d’Yves Robert. C’est « par hasard », lors du tournage de Michael Kael contre la World News Company de Christophe Smith, en Afrique, que cet ancien de Sciences Po rencontre le père Pedro et décide de fonder une ONG. Depuis, Gassot partage sa vie entre Semur-en-Auxois (Bourgogne), localité médiévale dont il est tombé amoureux, et Madagascar.
« Un homme à part dans ce métier » 
Tout à son entreprise visant à sédentariser les jeunes Malgaches dans les villages, Charles Gassot fait peu de cas de ses films, qui sont pourtant autant de succès de ces trente dernières années : La vie est un long fleuve tranquille, Le Goût des autres, Tanguy… « Quand on m’en parle, j’ai tendance à regarder derrière moi pour voir si on ne s’adresse pas à quelqu’un d’autre », remarque-t-il. « C’est le seul producteur avec lequel j’ai travaillé, il était généreux, il protégeait, encourageait, donnait les moyens de faire les choses, faisait sa part et laissait les autres faire la leur. Il aimait bien quand c’était un peu osé, il n’avait pas peur », raconte Étienne Chatiliez.
« Il se défonce, ne calcule pas, est toujours en recherche, c’est un homme à part dans ce métier, il s’engageait sur des coups, prenait des risques », assure Guérin qui a coproduit avec lui le défilé du Bicentenaire de Jean-Paul Goude. Hors normes, Gassot lit toujours des scénarios, mais déplore le manque d’idées. Sa dernière production, Voir la mer, de Patrice Leconte, en 2011 était « un petit truc pour s’amuser ». « Je me souviens de l’époque où je produisais en même temps Beaumarchais l’insolent, d’Édouard Molinaro - on ne savait pas que ça allait marcher  -, Un air de famille, de Cédric Klapisch et Le bonheur est dans le pré, d’Étienne Chatiliez. Aujourd’hui, cela serait impossible », estime Gassot.
Un avis partagé par son fidèle complice Étienne Chatiliez : « Aujourd’hui, tout est formaté, même si l’argent intéresse Charles Gassot, son but numéro un, c’est de voir le film sur l’écran, c’est un entrepreneur. » L’intéressé, ami de Bertrand Blier qu’il n’a jamais produit, n’arrête pas d’entreprendre dans les lieux qui l’inspirent. « Je suis un bon accompagnateur d’artistes », résume ce grand bonhomme, qui a « toujours fait les choses par plaisir » et entend bien continuer.
À Semur-en-Auxois, après Enki Bilal, en 2017, il exposera Sempé, puis François Schuiten. L’ancien producteur en est certain : "L’artiste a sa place dans la société."


Charles Gassot, le goût des autres

Lors d'un entretien avec Marie Visot, journalite au Figaro, le Président d'Ecoles du Monde s'est confié sur son engagement auprès de la population malgache.
Sourire large comme une porte de garage, mocassins rouge vif, après une solide poignée de main, intéressé, Charles Gassot vous interroge comme si vous étiez quelqu’un de très important. « De bonne humeur, il met toujours à l’aise », souligne Jean-Pierre Guérin qui a travaillé avec l’ancien producteur de Mortelle Randonnée et de Tatie Danielle. Curieux des autres, aujourd’hui, Charles Gassot vit essentiellement pour les jeunes générations des Écoles du monde à Madagascar, une ONG qu’il a créée il y aura vingt ans en 2017.
On attrape ce gai ludion entre deux avions, l’un à destination de Londres, où il va « chercher de l’argent, le nerf de la guerre », le second pour Madagascar où il doit monter une chorale et mettre en scène de courtes pièces qu’il a écrites en malgache. Pas peu fier de tous les établissements, écoles, puits, infirmeries ou châteaux d’eau, qu’il a réussi à installer en pleine brousse, Charles Gassot montre des photographies de ses protégés - « ici Flaubertine, 23 ans, une ancienne élève devenue enseignante avec son bébé, là des enfants qui construisent des mobiles façon Calder ».
« J’aurais aimé faire progresser la société comme lui », lâche Guérin, le producteur de Saint-Amour de Kervern-Delépine. Son ami est intarissable quand il évoque ses projets : « J’aimerais faire venir des ingénieurs agronomes, des architectes, des médecins. Nous avons eu des morts - les routes ne sont pas sûres - et des accidents, il a fallu amener de l’eau, installer l’électricité, reboiser des forêts… C’est long, nous commençons juste à avoir des résultats. Vous n’avez pas le droit de décevoir. »


Les 400 coups 

Fils d’une Bluebell Girl, amie de Foujita et Brasseur, et d’un physicien chercheur, haut comme trois pommes, le petit Charles voulait repeindre les murs de Paris qu’il trouvait « gris et laids ». À l’âge de 13 ans, il voit Les 400 Coups de François Truffaut et décide de faire du cinéma. « Ma chance, c’est d’avoir eu une famille d’aristos ruinée. Mon père décrochait les tableaux des murs de notre maison d’Auteuil pour payer les factures… C’est pour ça que j’ai produit Priez pour nous, de Jean-Pierre Vergne, sur un baron ruiné expulsé de son appartement de Neuilly, qui se retrouve dans une HLM. Le matériel n’était pas important pour nous. »
En 1966, Charles Gassot fait ses armes dans le film d’animation avec l’équipe de Paul Grimault. À 18 ans, il travaille pour la société d’André Sarrut La Comète, où il réalise ses premières publicités. Plus tard, elles lui permettront de financer des films. Il sera aussi l’heureux assistant d’Yves Robert. C’est « par hasard », lors du tournage de Michael Kael contre la World News Company de Christophe Smith, en Afrique, que cet ancien de Sciences Po rencontre le père Pedro et décide de fonder une ONG. Depuis, Gassot partage sa vie entre Semur-en-Auxois (Bourgogne), localité médiévale dont il est tombé amoureux, et Madagascar.

« Un homme à part dans ce métier » 

Tout à son entreprise visant à sédentariser les jeunes Malgaches dans les villages, Charles Gassot fait peu de cas de ses films, qui sont pourtant autant de succès de ces trente dernières années : La vie est un long fleuve tranquille, Le Goût des autres, Tanguy… « Quand on m’en parle, j’ai tendance à regarder derrière moi pour voir si on ne s’adresse pas à quelqu’un d’autre », remarque-t-il. « C’est le seul producteur avec lequel j’ai travaillé, il était généreux, il protégeait, encourageait, donnait les moyens de faire les choses, faisait sa part et laissait les autres faire la leur. Il aimait bien quand c’était un peu osé, il n’avait pas peur », raconte Étienne Chatiliez.
« Il se défonce, ne calcule pas, est toujours en recherche, c’est un homme à part dans ce métier, il s’engageait sur des coups, prenait des risques », assure Guérin qui a coproduit avec lui le défilé du Bicentenaire de Jean-Paul Goude. Hors normes, Gassot lit toujours des scénarios, mais déplore le manque d’idées. Sa dernière production, Voir la mer, de Patrice Leconte, en 2011 était « un petit truc pour s’amuser ». « Je me souviens de l’époque où je produisais en même temps Beaumarchais l’insolent, d’Édouard Molinaro - on ne savait pas que ça allait marcher  -, Un air de famille, de Cédric Klapisch et Le bonheur est dans le pré, d’Étienne Chatiliez. Aujourd’hui, cela serait impossible », estime Gassot.
Un avis partagé par son fidèle complice Étienne Chatiliez : « Aujourd’hui, tout est formaté, même si l’argent intéresse Charles Gassot, son but numéro un, c’est de voir le film sur l’écran, c’est un entrepreneur. » L’intéressé, ami de Bertrand Blier qu’il n’a jamais produit, n’arrête pas d’entreprendre dans les lieux qui l’inspirent. « Je suis un bon accompagnateur d’artistes », résume ce grand bonhomme, qui a « toujours fait les choses par plaisir » et entend bien continuer.
À Semur-en-Auxois, après Enki Bilal, en 2017, il exposera Sempé, puis François Schuiten. L’ancien producteur en est certain : "L’artiste a sa place dans la société."

MARIE VISOT
- See more at: http://www.ecolesdumonde.org/actualites2/blog-large/item/192-charles-gassot-le-gout-des-autres#sthash.ufYTzZJq.dpuf

Charles Gassot, le goût des autres

Lors d'un entretien avec Marie Visot, journalite au Figaro, le Président d'Ecoles du Monde s'est confié sur son engagement auprès de la population malgache.
Sourire large comme une porte de garage, mocassins rouge vif, après une solide poignée de main, intéressé, Charles Gassot vous interroge comme si vous étiez quelqu’un de très important. « De bonne humeur, il met toujours à l’aise », souligne Jean-Pierre Guérin qui a travaillé avec l’ancien producteur de Mortelle Randonnée et de Tatie Danielle. Curieux des autres, aujourd’hui, Charles Gassot vit essentiellement pour les jeunes générations des Écoles du monde à Madagascar, une ONG qu’il a créée il y aura vingt ans en 2017.
On attrape ce gai ludion entre deux avions, l’un à destination de Londres, où il va « chercher de l’argent, le nerf de la guerre », le second pour Madagascar où il doit monter une chorale et mettre en scène de courtes pièces qu’il a écrites en malgache. Pas peu fier de tous les établissements, écoles, puits, infirmeries ou châteaux d’eau, qu’il a réussi à installer en pleine brousse, Charles Gassot montre des photographies de ses protégés - « ici Flaubertine, 23 ans, une ancienne élève devenue enseignante avec son bébé, là des enfants qui construisent des mobiles façon Calder ».
« J’aurais aimé faire progresser la société comme lui », lâche Guérin, le producteur de Saint-Amour de Kervern-Delépine. Son ami est intarissable quand il évoque ses projets : « J’aimerais faire venir des ingénieurs agronomes, des architectes, des médecins. Nous avons eu des morts - les routes ne sont pas sûres - et des accidents, il a fallu amener de l’eau, installer l’électricité, reboiser des forêts… C’est long, nous commençons juste à avoir des résultats. Vous n’avez pas le droit de décevoir. »


Les 400 coups 

Fils d’une Bluebell Girl, amie de Foujita et Brasseur, et d’un physicien chercheur, haut comme trois pommes, le petit Charles voulait repeindre les murs de Paris qu’il trouvait « gris et laids ». À l’âge de 13 ans, il voit Les 400 Coups de François Truffaut et décide de faire du cinéma. « Ma chance, c’est d’avoir eu une famille d’aristos ruinée. Mon père décrochait les tableaux des murs de notre maison d’Auteuil pour payer les factures… C’est pour ça que j’ai produit Priez pour nous, de Jean-Pierre Vergne, sur un baron ruiné expulsé de son appartement de Neuilly, qui se retrouve dans une HLM. Le matériel n’était pas important pour nous. »
En 1966, Charles Gassot fait ses armes dans le film d’animation avec l’équipe de Paul Grimault. À 18 ans, il travaille pour la société d’André Sarrut La Comète, où il réalise ses premières publicités. Plus tard, elles lui permettront de financer des films. Il sera aussi l’heureux assistant d’Yves Robert. C’est « par hasard », lors du tournage de Michael Kael contre la World News Company de Christophe Smith, en Afrique, que cet ancien de Sciences Po rencontre le père Pedro et décide de fonder une ONG. Depuis, Gassot partage sa vie entre Semur-en-Auxois (Bourgogne), localité médiévale dont il est tombé amoureux, et Madagascar.

« Un homme à part dans ce métier » 

Tout à son entreprise visant à sédentariser les jeunes Malgaches dans les villages, Charles Gassot fait peu de cas de ses films, qui sont pourtant autant de succès de ces trente dernières années : La vie est un long fleuve tranquille, Le Goût des autres, Tanguy… « Quand on m’en parle, j’ai tendance à regarder derrière moi pour voir si on ne s’adresse pas à quelqu’un d’autre », remarque-t-il. « C’est le seul producteur avec lequel j’ai travaillé, il était généreux, il protégeait, encourageait, donnait les moyens de faire les choses, faisait sa part et laissait les autres faire la leur. Il aimait bien quand c’était un peu osé, il n’avait pas peur », raconte Étienne Chatiliez.
« Il se défonce, ne calcule pas, est toujours en recherche, c’est un homme à part dans ce métier, il s’engageait sur des coups, prenait des risques », assure Guérin qui a coproduit avec lui le défilé du Bicentenaire de Jean-Paul Goude. Hors normes, Gassot lit toujours des scénarios, mais déplore le manque d’idées. Sa dernière production, Voir la mer, de Patrice Leconte, en 2011 était « un petit truc pour s’amuser ». « Je me souviens de l’époque où je produisais en même temps Beaumarchais l’insolent, d’Édouard Molinaro - on ne savait pas que ça allait marcher  -, Un air de famille, de Cédric Klapisch et Le bonheur est dans le pré, d’Étienne Chatiliez. Aujourd’hui, cela serait impossible », estime Gassot.
Un avis partagé par son fidèle complice Étienne Chatiliez : « Aujourd’hui, tout est formaté, même si l’argent intéresse Charles Gassot, son but numéro un, c’est de voir le film sur l’écran, c’est un entrepreneur. » L’intéressé, ami de Bertrand Blier qu’il n’a jamais produit, n’arrête pas d’entreprendre dans les lieux qui l’inspirent. « Je suis un bon accompagnateur d’artistes », résume ce grand bonhomme, qui a « toujours fait les choses par plaisir » et entend bien continuer.
À Semur-en-Auxois, après Enki Bilal, en 2017, il exposera Sempé, puis François Schuiten. L’ancien producteur en est certain : "L’artiste a sa place dans la société."

MARIE VISOT
- See more at: http://www.ecolesdumonde.org/actualites2/blog-large/item/192-charles-gassot-le-gout-des-autres#sthash.ufYTzZJq.dpuf

Charles Gassot, le goût des autres

Lors d'un entretien avec Marie Visot, journalite au Figaro, le Président d'Ecoles du Monde s'est confié sur son engagement auprès de la population malgache.
Sourire large comme une porte de garage, mocassins rouge vif, après une solide poignée de main, intéressé, Charles Gassot vous interroge comme si vous étiez quelqu’un de très important. « De bonne humeur, il met toujours à l’aise », souligne Jean-Pierre Guérin qui a travaillé avec l’ancien producteur de Mortelle Randonnée et de Tatie Danielle. Curieux des autres, aujourd’hui, Charles Gassot vit essentiellement pour les jeunes générations des Écoles du monde à Madagascar, une ONG qu’il a créée il y aura vingt ans en 2017.
On attrape ce gai ludion entre deux avions, l’un à destination de Londres, où il va « chercher de l’argent, le nerf de la guerre », le second pour Madagascar où il doit monter une chorale et mettre en scène de courtes pièces qu’il a écrites en malgache. Pas peu fier de tous les établissements, écoles, puits, infirmeries ou châteaux d’eau, qu’il a réussi à installer en pleine brousse, Charles Gassot montre des photographies de ses protégés - « ici Flaubertine, 23 ans, une ancienne élève devenue enseignante avec son bébé, là des enfants qui construisent des mobiles façon Calder ».
« J’aurais aimé faire progresser la société comme lui », lâche Guérin, le producteur de Saint-Amour de Kervern-Delépine. Son ami est intarissable quand il évoque ses projets : « J’aimerais faire venir des ingénieurs agronomes, des architectes, des médecins. Nous avons eu des morts - les routes ne sont pas sûres - et des accidents, il a fallu amener de l’eau, installer l’électricité, reboiser des forêts… C’est long, nous commençons juste à avoir des résultats. Vous n’avez pas le droit de décevoir. »


Les 400 coups 

Fils d’une Bluebell Girl, amie de Foujita et Brasseur, et d’un physicien chercheur, haut comme trois pommes, le petit Charles voulait repeindre les murs de Paris qu’il trouvait « gris et laids ». À l’âge de 13 ans, il voit Les 400 Coups de François Truffaut et décide de faire du cinéma. « Ma chance, c’est d’avoir eu une famille d’aristos ruinée. Mon père décrochait les tableaux des murs de notre maison d’Auteuil pour payer les factures… C’est pour ça que j’ai produit Priez pour nous, de Jean-Pierre Vergne, sur un baron ruiné expulsé de son appartement de Neuilly, qui se retrouve dans une HLM. Le matériel n’était pas important pour nous. »
En 1966, Charles Gassot fait ses armes dans le film d’animation avec l’équipe de Paul Grimault. À 18 ans, il travaille pour la société d’André Sarrut La Comète, où il réalise ses premières publicités. Plus tard, elles lui permettront de financer des films. Il sera aussi l’heureux assistant d’Yves Robert. C’est « par hasard », lors du tournage de Michael Kael contre la World News Company de Christophe Smith, en Afrique, que cet ancien de Sciences Po rencontre le père Pedro et décide de fonder une ONG. Depuis, Gassot partage sa vie entre Semur-en-Auxois (Bourgogne), localité médiévale dont il est tombé amoureux, et Madagascar.

« Un homme à part dans ce métier » 

Tout à son entreprise visant à sédentariser les jeunes Malgaches dans les villages, Charles Gassot fait peu de cas de ses films, qui sont pourtant autant de succès de ces trente dernières années : La vie est un long fleuve tranquille, Le Goût des autres, Tanguy… « Quand on m’en parle, j’ai tendance à regarder derrière moi pour voir si on ne s’adresse pas à quelqu’un d’autre », remarque-t-il. « C’est le seul producteur avec lequel j’ai travaillé, il était généreux, il protégeait, encourageait, donnait les moyens de faire les choses, faisait sa part et laissait les autres faire la leur. Il aimait bien quand c’était un peu osé, il n’avait pas peur », raconte Étienne Chatiliez.
« Il se défonce, ne calcule pas, est toujours en recherche, c’est un homme à part dans ce métier, il s’engageait sur des coups, prenait des risques », assure Guérin qui a coproduit avec lui le défilé du Bicentenaire de Jean-Paul Goude. Hors normes, Gassot lit toujours des scénarios, mais déplore le manque d’idées. Sa dernière production, Voir la mer, de Patrice Leconte, en 2011 était « un petit truc pour s’amuser ». « Je me souviens de l’époque où je produisais en même temps Beaumarchais l’insolent, d’Édouard Molinaro - on ne savait pas que ça allait marcher  -, Un air de famille, de Cédric Klapisch et Le bonheur est dans le pré, d’Étienne Chatiliez. Aujourd’hui, cela serait impossible », estime Gassot.
Un avis partagé par son fidèle complice Étienne Chatiliez : « Aujourd’hui, tout est formaté, même si l’argent intéresse Charles Gassot, son but numéro un, c’est de voir le film sur l’écran, c’est un entrepreneur. » L’intéressé, ami de Bertrand Blier qu’il n’a jamais produit, n’arrête pas d’entreprendre dans les lieux qui l’inspirent. « Je suis un bon accompagnateur d’artistes », résume ce grand bonhomme, qui a « toujours fait les choses par plaisir » et entend bien continuer.
À Semur-en-Auxois, après Enki Bilal, en 2017, il exposera Sempé, puis François Schuiten. L’ancien producteur en est certain : "L’artiste a sa place dans la société."

MARIE VISOT
- See more at: http://www.ecolesdumonde.org/actualites2/blog-large/item/192-charles-gassot-le-gout-des-autres#sthash.ufYTzZJq.dpuf

Charles Gassot, le goût des autres

Lors d'un entretien avec Marie Visot, journalite au Figaro, le Président d'Ecoles du Monde s'est confié sur son engagement auprès de la population malgache.
Sourire large comme une porte de garage, mocassins rouge vif, après une solide poignée de main, intéressé, Charles Gassot vous interroge comme si vous étiez quelqu’un de très important. « De bonne humeur, il met toujours à l’aise », souligne Jean-Pierre Guérin qui a travaillé avec l’ancien producteur de Mortelle Randonnée et de Tatie Danielle. Curieux des autres, aujourd’hui, Charles Gassot vit essentiellement pour les jeunes générations des Écoles du monde à Madagascar, une ONG qu’il a créée il y aura vingt ans en 2017.
On attrape ce gai ludion entre deux avions, l’un à destination de Londres, où il va « chercher de l’argent, le nerf de la guerre », le second pour Madagascar où il doit monter une chorale et mettre en scène de courtes pièces qu’il a écrites en malgache. Pas peu fier de tous les établissements, écoles, puits, infirmeries ou châteaux d’eau, qu’il a réussi à installer en pleine brousse, Charles Gassot montre des photographies de ses protégés - « ici Flaubertine, 23 ans, une ancienne élève devenue enseignante avec son bébé, là des enfants qui construisent des mobiles façon Calder ».
« J’aurais aimé faire progresser la société comme lui », lâche Guérin, le producteur de Saint-Amour de Kervern-Delépine. Son ami est intarissable quand il évoque ses projets : « J’aimerais faire venir des ingénieurs agronomes, des architectes, des médecins. Nous avons eu des morts - les routes ne sont pas sûres - et des accidents, il a fallu amener de l’eau, installer l’électricité, reboiser des forêts… C’est long, nous commençons juste à avoir des résultats. Vous n’avez pas le droit de décevoir. »


Les 400 coups 

Fils d’une Bluebell Girl, amie de Foujita et Brasseur, et d’un physicien chercheur, haut comme trois pommes, le petit Charles voulait repeindre les murs de Paris qu’il trouvait « gris et laids ». À l’âge de 13 ans, il voit Les 400 Coups de François Truffaut et décide de faire du cinéma. « Ma chance, c’est d’avoir eu une famille d’aristos ruinée. Mon père décrochait les tableaux des murs de notre maison d’Auteuil pour payer les factures… C’est pour ça que j’ai produit Priez pour nous, de Jean-Pierre Vergne, sur un baron ruiné expulsé de son appartement de Neuilly, qui se retrouve dans une HLM. Le matériel n’était pas important pour nous. »
En 1966, Charles Gassot fait ses armes dans le film d’animation avec l’équipe de Paul Grimault. À 18 ans, il travaille pour la société d’André Sarrut La Comète, où il réalise ses premières publicités. Plus tard, elles lui permettront de financer des films. Il sera aussi l’heureux assistant d’Yves Robert. C’est « par hasard », lors du tournage de Michael Kael contre la World News Company de Christophe Smith, en Afrique, que cet ancien de Sciences Po rencontre le père Pedro et décide de fonder une ONG. Depuis, Gassot partage sa vie entre Semur-en-Auxois (Bourgogne), localité médiévale dont il est tombé amoureux, et Madagascar.

« Un homme à part dans ce métier » 

Tout à son entreprise visant à sédentariser les jeunes Malgaches dans les villages, Charles Gassot fait peu de cas de ses films, qui sont pourtant autant de succès de ces trente dernières années : La vie est un long fleuve tranquille, Le Goût des autres, Tanguy… « Quand on m’en parle, j’ai tendance à regarder derrière moi pour voir si on ne s’adresse pas à quelqu’un d’autre », remarque-t-il. « C’est le seul producteur avec lequel j’ai travaillé, il était généreux, il protégeait, encourageait, donnait les moyens de faire les choses, faisait sa part et laissait les autres faire la leur. Il aimait bien quand c’était un peu osé, il n’avait pas peur », raconte Étienne Chatiliez.
« Il se défonce, ne calcule pas, est toujours en recherche, c’est un homme à part dans ce métier, il s’engageait sur des coups, prenait des risques », assure Guérin qui a coproduit avec lui le défilé du Bicentenaire de Jean-Paul Goude. Hors normes, Gassot lit toujours des scénarios, mais déplore le manque d’idées. Sa dernière production, Voir la mer, de Patrice Leconte, en 2011 était « un petit truc pour s’amuser ». « Je me souviens de l’époque où je produisais en même temps Beaumarchais l’insolent, d’Édouard Molinaro - on ne savait pas que ça allait marcher  -, Un air de famille, de Cédric Klapisch et Le bonheur est dans le pré, d’Étienne Chatiliez. Aujourd’hui, cela serait impossible », estime Gassot.
Un avis partagé par son fidèle complice Étienne Chatiliez : « Aujourd’hui, tout est formaté, même si l’argent intéresse Charles Gassot, son but numéro un, c’est de voir le film sur l’écran, c’est un entrepreneur. » L’intéressé, ami de Bertrand Blier qu’il n’a jamais produit, n’arrête pas d’entreprendre dans les lieux qui l’inspirent. « Je suis un bon accompagnateur d’artistes », résume ce grand bonhomme, qui a « toujours fait les choses par plaisir » et entend bien continuer.
À Semur-en-Auxois, après Enki Bilal, en 2017, il exposera Sempé, puis François Schuiten. L’ancien producteur en est certain : "L’artiste a sa place dans la société."

MARIE VISOT
- See more at: http://www.ecolesdumonde.org/actualites2/blog-large/item/192-charles-gassot-le-gout-des-autres#sthash.ufYTzZJq.dpuf

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire