EXTRAITS
La pénurie grandissante de main d'œuvre qualifiée finira par ralentir la croissance économique, avec des répercussions sociales et politiques de grande ampleur.
La pénurie grandissante de main d'œuvre qualifiée finira par ralentir la croissance économique, avec des répercussions sociales et politiques de grande ampleur.
En 2030, dans les pays à
faibles revenus, selon les tendances actuelles, seulement un jeune sur dix sera
en voie d'acquérir des compétences basiques correspondant au niveau
de
l'enseignement secondaire.
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Dans de nombreux pays, l'éducation ne
s'améliore pas et les enfants accumulent un dangereux retard ; 263 millions
d'enfants et de jeunes ne sont pas scolarisés, et le nombre d'enfants en âge
d'aller à l'école primaire mais qui n'y vont pas ne cesse de croître. Dans le
cas des enfants scolarisés, nombre d'entre eux n'apprennent pas vraiment. Dans
les pays à faibles et moyens revenus, seule la moitié des enfants en âge
d'aller à l'école primaire et un peu plus du quart de ceux en âge d'aller dans
le secondaire acquièrent les compétences basiques du niveau du primaire et du
secondaire.
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Si nous n'agissons pas, cette crise de
l'apprentissage ralentira considérablement l'avancée vers le plus essentiel des
objectifs
de développement : mettre un terme à l'extrême pauvreté. D'après les
tendances actuelles, plus d'un quart de la population des pays à faibles
revenus devrait vivre dans une pauvreté extrême d'ici à 2050. Les conséquences
sur la santé seront tout aussi sévères. Les prévisions suggèrent que d'après
les tendances actuelles, d'ici à 2050, le nombre de vies perdues chaque année
faute de pouvoir permettre un accès correct à une éducation de qualité devrait
égaler le nombre de morts liées au VIH/SIDA et au paludisme, deux des maladies
les plus mortelles au monde.
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Là où les tendances économiques,
technologiques, démographiques et géopolitiques se heurtent à la faiblesse de
certains systèmes éducatifs, les risques de précarité, de radicalisation et de
déclin économique sont les plus élevés. Si le monde ne munit pas tous les
jeunes des compétences nécessaires pour participer à l'économie future, le prix
de l'inaction et du retard pourrait s'avérer irréparable. Il existe, et doit
exister, une meilleure solution.
Un dollar investi dans une année d'école
supplémentaire, notamment chez les filles, génère 10 USD de bénéfices
financiers et sanitaires dans les pays à faibles revenus et près de 4 USD dans
les pays à revenus intermédiaires. Près d'un tiers des réductions de la
mortalité adulte depuis 1970 peut être attribué à des avancées dans l'éducation
des filles et des jeunes femmes. Ces bénéfices pourraient se décupler à l'avenir
avec les améliorations en termes de qualité et d'efficacité de l'enseignement
proposées dans ce rapport.
Au final, la valeur de l'éducation est en
phase d'amplification, car c'est elle qui déterminera si les principales
tendances de ce siècle (technologiques, économiques et démographiques) sauront
créer des occasions ou pérenniser les inégalités ; en outre, il
s'agit du
principal facteur commun permettant de surmonter les difficultés d'ordre
mondial qui se posent à l'humanité.
Les propositions pour inverser
le cours des choses :
Créer une génération
d'apprenants
La commission pour l'éducation conclut
qu'une génération devrait suffire à faire en sorte que tous les jeunes se
rendent à l'école et apprennent ; malgré l'ampleur de la tâche, nous pouvons créer
une génération d'apprenants. La commission incite ses partenaires en
développement à se rallier à cette vision audacieuse.
Il s'agirait alors du plus
grand essor des opportunités éducatives de toute l'histoire.
Nous savons qu'il s'agit là d'une possibilité,
car un quart des pays mondiaux est déjà sur la bonne voie. Si tous les pays
accéléraient leurs progrès afin d'atteindre le rythme de ceux faisant partie
des 25 % des améliorateurs d'éducation les plus rapides, tous les enfants des
pays à faibles et moyens revenus pourraient accéder à une éducation de niveaux
pré-primaire, primaire et secondaire de qualité, et un enfant issu d'un pays à
faibles revenus aurait autant de chances d'atteindre le niveau de base en
matière de compétences liées au secondaire et de jouir d'une éducation
post-secondaire qu'un enfant provenant aujourd'hui d'un pays à revenus élevés .
Il s'agirait alors du plus grand essor des
opportunités éducatives de toute l'histoire. Les pays mettant l'accent sur les
investissements et les réformes afin d'atteindre ces objectifs en tireront
d'immenses bénéfices qui seront bien plus importants que les coûts. Ils
acquerront les avantages économiques
qui accompagnent une main-d'œuvre éduquée,
dotée des compétences nécessaires pour défendre sa place dans l'économie du
XXIème siècle. Sur le plan individuel, l'ensemble des avantages économiques se
traduiront également par des gains considérables en matière de revenus et de
niveau de vie. De manière générale, la commission estime que, si les enfants
issus de pays à faibles revenus qui commencent la maternelle aujourd'hui
pouvaient bénéficier des avantages liés à la vision de la génération
d'apprenants, ils pourraient s'attendre au cours de leur vie à gagner cinq fois
plus que leurs parents, une valeur douze fois supérieure au coût total de leur
éducation.
Un accord financier pour la
génération d'apprenants
Afin de créer cette génération
d'apprenants, la commission demande un accord de financement entre les pays en
développement et la communauté internationale, accompli grâce à quatre
transformations éducatives – en performance, en innovation, en inclusion et en
financement.
Dans le cadre de cet accord, les
gouvernements nationaux s'engageraient à réformer leurs systèmes éducatifs afin
de maximiser l'apprentissage et l'efficacité et de garantir que chaque enfant
ait accès à une éducation gratuite de qualité, des classes de niveau
pré-primaire à celles du secondaire, grâce à une augmentation graduelle et
soutenue par un financement national.
Là où les pays s'engagent à investir et à
réformer, la communauté internationale se tiendrait prête à offrir le
financement et l'encadrement accrus nécessaires pour soutenir les pays visant à
transformer leur éducation. Il s'agirait entre autres de mobiliser de nouveaux
financements issus d'un
large éventail de sources, notamment par
l'établissement
d'un nouveau mécanisme d'investissement dans l'éducation afin
d'aider à ajuster les financements provenant de banques multilatérales de
développement.
L'accord mettrait en place un cercle
vertueux au sein duquel l'investissement dans l'éducation mènerait à des
réformes et des résultats, qui à leur tour donneraient lieu à de nouveaux
investissements.
L'accord devra être étayé par de nouveaux
mécanismes
de responsabilité qui permettront de démontrer clairement
si les
pays en développement et la communauté internationale assument bel et bien
leurs responsabilités en termes d'éducation.
Aujourd'hui, dans un trop grand nombre
d'endroits, davantage d'argent ne mène pas forcément à de meilleurs résultats.
Les efforts menés pour améliorer l'éducation donnent lieu à des résultats très
variables, où des investissements et réformes similaires ont diverses conséquences
dans différents endroits. Ainsi, le Vietnam dépense à peu près la même somme en
éducation par élève que la Tunisie, en pourcentage du PIB par habitant.
Pourtant, en Tunisie, seulement 64 pour cent des écoliers réussissent
l'évaluation internationale d'apprentissage dans le secondaire, chiffre qui
s'élève à 96 pour cent au Vietnam.
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La commission recommande aux décideurs
d'investir dans ce qui a déjà fait ses preuves en matière de résultats.…
Par
exemple, alors qu'il existe des preuves tangibles en faveur d'un apprentissage
dispensé dans la langue maternelle, la moitié des enfants issus de pays à
faibles et moyens revenus reçoivent un enseignement délivré dans une langue
autre que la leur.
Recourir à la technologie dans le cadre de
l'enseignement
et de l'apprentissage ouvre d'immenses possibilités permettant
de transformer l'éducation à tous les niveaux. D'ici à 2020,
tout le
monde ou presque possédera un téléphone portable,
2,6 milliards de gens auront
des smartphones et 56 pour cent auront accès à Internet. L'apprentissage
numérique permettra d'atteindre à moindre coup de nouveaux apprenants
auparavant exclus, de rehausser le niveau de l'enseignement et d'offrir de
nouvelles manières d'acquérir des compétences. Ce mode de communication
pourrait s'avérer particulièrement pertinent
au niveau post-secondaire, où
améliorer l'accès, les prix et la pertinence de l'enseignement sera d'autant
plus important. Toutefois, aujourd'hui, un accès inégal à Internet et aux
technologies numériques risque d'exacerber les inégalités existantes dans
l'apprentissage. Dans les pays les plus pauvres, seulement une personne sur dix
est connectée. Dans de nombreux pays en développement, moins de 10 pour cent
des écoles sont connectées à Internet.
Aucun pays s'étant engagé
à investir et à réformer son système éducatif
ne devrait être empêché
d'atteindre ses objectifs à cause d'un manque de ressources.
Afin de créer la génération d'apprenants
imaginée par la commission, il faudra faire passer les dépenses en éducation de
1,2 millier de milliards par an à 3 milliers de milliards d'ici à 2030 (en prix
constants) dans tous les pays à faibles et moyens revenus.
Les dirigeants doivent mobiliser plus de
ressources nationales pour l'éducation. D'après le programme d'investissement pensé par la
commission, les pays à faibles et moyens revenus doivent augmenter leurs
dépenses publiques nationales consacrées à l'éducation et passer d'environ 1
millier de milliards d'USD en 2015 à 2,7 milliers de milliards d'ici à 2030,
soit de 4 à 5,8 pour cent du PIB, ce qui nécessiterait un taux de croissance
annuel de 7 pour cent en ce qui concerne les dépenses publiques liées à
l'éducation. Les gouvernements doivent allouer à l'éducation une plus grande
partie des recettes issues de la croissance en réaffectant les dépenses, en
générant plus de revenus, ou les deux.
En outre, les gouvernements doivent songer
à réaffecter leurs ressources en puisant, par exemple, dans les onéreuses
subventions à l'énergie et penser à réserver des ressources à l'éducation,
parallèlement à des réformes fiscales plus importantes.
Enfin, la commission recommande la mise en
place
d'un mécanisme d'investissement pour l'éducation lié à une banque
multilatérale de développement (BMD). Ce mécanisme garantirait que l'éducation tire
profit de l'occasion sans précédent d'accroître les financements de la BMD
grâce à
une plus grande optimisation de leurs bases de capital. Cela
permettrait d'augmenter la capacité de prêts de la BMD de plus de 70 pour cent.
La commission estime que mettre en place un tel mécanisme pourrait mobiliser 20
milliards d'USD ou plus annuellement de la part de BMD pour l'éducation d'ici à
2030 (chiffre s'élevant aujourd'hui à 3,5 milliards d'USD).
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